Intervenant : aider sans se brûler

 

(Adaptation d’un article publié dans la revue Sexologie Actuelle, publication officielle de l’Association des sexologues du Québec, Vol. XIX, No.2, Printemps-Été 2011.)

 

Comment prévenir l’épuisement et l’usure de compassion lorsqu’on est intervenant? Une question qu’on néglige trop souvent. Cet article te permettra d’amorcer une réflexion personnelle au sujet de ta propre santé psychologique et de ta façon d’en prendre soin.

 

Intervenant : un métier à risque élevé 

Plusieurs professions ou métiers sont reconnus pour comporter des risques. Lorsqu’on parle de « métier à risques », on fait habituellement référence à la sécurité physique. C’est pourquoi on pense d’abord aux pompiers, policiers, soldats, mineurs, pilotes de course, etc. On ne pense pas d’emblée aux sexologues, psychologues, travailleurs sociaux, infirmières, etc. Pourtant, le métier d’intervenant est à très haut risque. Le risque concerne ici la santé psychologique. 

On ne peut être quotidiennement exposé à des drames humains et être constamment en position de « donneur » sans mettre son équilibre à l’épreuve!

Lorsqu’on connaît les risques physiques auxquels on s’expose, on peut s’en protéger plus facilement. Le monteur de lignes sait qu’en grimpant dans une structure, il s’expose à une chute. Il utilisera un harnais pour se protéger. Le pompier risque de subir des brûlures lorsqu’il combat un incendie. C’est pourquoi il portera une combinaison et des accessoires pour se protéger.

Chez les intervenants, le risque est psychologique. Tout comme un gaz inodore et incolore, il est plus difficile à identifier. On peut donc moins facilement s’en protéger et plus facilement le nier. Évidemment, lorsqu’un risque est bien réel, qu’il soit invisible à l’œil ou rejeté, il demeure un risque. Et si l’on ne s’en préoccupe pas, il pourrait causer des ravages.

Mais qu’est-ce qui est donc si risqué lorsqu’on occupe un rôle d’intervenant?

 

Une exposition constante à des drames et à la souffrance humaine

On ne peut entendre des histoires dramatiques et voir la souffrance qu’elles engendrent chez les personnes qui nous consultent sans réagir. On peut être triste devant le deuil qui afflige la mère qui a perdu son fils. On peut être enragé face aux violences qu’un père a fait subir à sa fille. Quoi qu’on en pense, on ne peut demeurer de glace devant les histoires dont on est témoin chaque jour.

Plusieurs croient qu’un bon intervenant arrive à ne pas se laisser atteindre par les souffrances de ses clients ou patients. Selon moi, c’est l’intervenant qui sait évacuer ses réactions qui opte pour le choix le plus sain. Sain pour sa clientèle. Sain aussi pour son équilibre psychologique. Celui qui n’effectue pas cette évacuation s’expose à l’usure de compassion.

Être usé, c’est se retrouver plein d’émotions. L’exposition constante à la souffrance génère des réactions émotives à l’intérieur de soi. Leur contrôle ou leur accumulation en soi mènent à l’usure.

 

Être continuellement dans un rôle de « donneur » 

Adopter le rôle d’aidant, c’est accepter d’être en relation avec une personne et d’utiliser ses ressources pour l’amener, d’une façon ou d’une autre, à résoudre la difficulté qu’elle rencontre. On lui vend son écoute, son soutien et son assistance.

Pour le donneur, c’est une perte énergétique qu’il faudra compenser pour demeurer en équilibre. On ne peut pas donner plus qu’on reçoit sans se retrouver en déficit. C’est mathématique!

Même si le don de soi est valorisé dans notre société, le déficit qui en résulte est inévitable. C’est pourquoi je recommande qu’une partie des honoraires perçus par les intervenants soit consacrée à recevoir des soins ou à se nourrir d’affection (écoute, attention, soutien, considération, etc.). L’objectif? Rétablir l’équilibre. Mais je sais qu’en pratique, ce n’est pas souvent le cas. Pour plusieurs intervenants, le don de soi ne s’arrête pas au travail et se poursuit dans leur vie privée.

On entend parfois l’expression « déformation professionnelle ». Les intervenants ne sont pas à l’abri de ce type de déformation. Ayant porté son attention sur les autres toute la journée, on oublie parfois de retourner cette attention vers soi quand on quitte le travail. Ce retour vers soi est pourtant nécessaire pour mesurer le déséquilibre, identifier les besoins et se mobiliser pour y répondre… bref, pour éviter l’épuisement.

Être épuisé, c’est se retrouver vidé d’énergie. Après chaque don de soi se présente le risque de ne pas rétablir l’équilibre. Celui qui donne plus qu’il ne reçoit se retrouvera naturellement vidé d’énergie. C’est ce qui mène à l’épuisement.

 

Les intervenants : des humains qui ont des besoins

La compréhension des besoins psychologiques permet de mieux saisir les processus qui mènent à l’usure et à l’épuisement. Il s’agit des besoins fondamentaux dont tous les humains ont besoin… même les intervenants. Eh oui, derrière le costume d’aidant se trouve un humain qui a des besoins.

Lorsqu’on parle de besoins vitaux chez les humains, on pense d’abord aux besoins suivants : se nourrir, boire, se reposer, se tenir au chaud et évacuer ses déchets. Il s’agit de nos besoins physiques. Notre vitalité physique dépend de la façon dont on répond à ces besoins.

Psychologiquement aussi nous avons des besoins vitaux. Ils ne sont pas qu’importants, ils sont essentiels. C’est notre vitalité psychologique qui en dépend. Lorsqu’on les néglige, notre état se détériore. D’abord, un sentiment d’insatisfaction s’installe. Si l’on ne prend pas le temps d’identifier ce besoin et d’y répondre, ce sentiment s’étendra et se transformera en une insatisfaction générale qui finira par prendre toute la place. Si malgré cela on ne s’en occupe pas, les symptômes apparaissent et s’intensifieront tant que le déficit durera.

Quels sont donc ces besoins auxquels il est essentiel de répondre pour notre bien-être psychologique?

 

Les humains ont besoin de nourriture affectiv

Pour se nourrir, il est nécessaire d’entretenir des relations nourrissantes. Et ce ne sont pas toutes les relations qui le sont… tout comme ce ne sont pas tous les aliments qui sont nourrissants physiquement. On sait que les aliments, pour être nutritifs, doivent contenir des vitamines, des minéraux, des protéines, etc. Que faut-il donc aux relations pour être nutritives sur le plan affectif?

Les relations nourrissantes sont celles où il y a de l’écoute, de l’attention, des contacts physiques affectueux, du respect et de la considération. On retrouve ici plusieurs éléments que l’on offre dans nos services de consultation. On ne peut cependant demander à une seule personne de nous offrir l’équivalent de ce que l’on vend au travail. C’est habituellement beaucoup plus que ce qu’un humain peut offrir dans une relation égalitaire.

C’est pourquoi on a intérêt, lorsqu’on est intervenant, à développer un réseau de relations nourrissantes. En effet, une seule personne ne peut pas combler le déséquilibre causé par le métier d’intervenant. Si l’on mise sur une seule relation, l’autre pourrait trouver qu’on est trop exigeant en relation.

 

Les humains ont besoin de repos psychologique 

Pour répondre à son besoin de repos, deux tâches sont nécessaires : s’arrêter et renouveler ses énergies. Physiquement, on doit arrêter la demande d’énergie en s’immobilisant et renouveler ses énergies en dormant.

Psychologiquement, on doit arrêter la demande d’énergie en évitant d’être en contact avec la souffrance humaine. Après une dure journée d’intervention, ce n’est peut-être pas le bon moment pour écouter les nouvelles. Ce n’est pas non plus une bonne idée d’aller souper avec une amie qui a besoin d’écoute et de réconfort. Ça ferait sûrement du bien à votre amie, mais certainement pas pour vous, l’humain sous le costume d’aidant.

Après avoir coupé le contact avec la souffrance humaine, il reste la deuxième tâche pour accéder au repos : renouveler son énergie. Toute activité qui permet de s’amuser, jouer et avoir du plaisir permet de faire le plein d’énergie.

Un autre type d’activité permet de renouveler ses énergies : c’est ce que j’appelle le ressourcement. Il s’agit d’activités en lien avec l’art, la nature ou la spiritualité. Cela peut être la chanson, l’écriture, la peinture, la marche en forêt ou sur le bord de la mer, le yoga, la méditation et j’en passe.

Pour être considérée comme un ressourcement, une activité doit permettre non seulement de se changer les idées, mais aussi de gagner de l’énergie.

 

Les humains ont besoin d’évacuer leurs réactions émotives 

Une émotion qui n’est pas exprimée s’imprime en soi. Tous les humains ont un entrepôt à émotions, un lieu en soi où loger les émotions non exprimées. C’est l’endroit où l’on contient ses réactions émotives provoquées par ses clients pour préserver la relation thérapeutique. C’est essentiel d’avoir cette capacité de contenir certaines réactions, car on ne peut pas être toujours en réaction ouvertement.

Et puis, toute émotion n’est pas bonne à exprimer. Les émotions sont des informations intimes sur l’état de nos besoins et de nos limites. Elles sont d’abord des informations pour soi et n’ont pas toutes à être exprimées à l’autre.

Toutes les émotions qu’on a choisi de taire depuis le début de notre vie sont entreposées en soi. Pour être utilisable et efficace, notre entrepôt à émotions a besoin d’espace. Lorsqu’il est plein, il requiert toute notre énergie émotive pour le contenir. Même si l’on arrête d’y ajouter des émotions, il demande toujours de plus en plus d’énergie pour être contenu.

Notre organisme fait alors des prêts d’énergie. Il emprunte de l’énergie physique ou cognitive. Lorsqu’il emprunte de l’énergie physique, on se retrouve avec des symptômes particuliers : une fatigue que le repos ne fait pas disparaître et un système immunitaire moins efficace.

Lorsqu’il emprunte de l’énergie cognitive, on se retrouve avec une difficulté de concentration, une mémoire défaillante, de l’insomnie (l’insomnie causée par le petit hamster qui spinne dans notre tête et fait défiler une liste infinie de préoccupations).

Ces symptômes apparaissent lorsqu’on omet d’évacuer nos réactions émotives et que notre entrepôt est plein.

L’évacuation des réactions émotives est différente de l’expression des émotions à l’intérieur d’une relation. Pour évacuer nos réactions, il est nécessaire de les exprimer à haute voix en s’adressant à la personne concernée, sans qu’elle soit présente. C’est une expression sans censure, sans tenir compte des règles habituelles d’expression saine qu’on considérerait si l’on s’adressait réellement à une personne. On peut crier, sacrer, injurier…

Certaines personnes croient qu’évacuer leurs réactions émotives par écrit ou dans leur tête est suffisant. Mon expérience me montre que ce n’est pas le cas. En effet, cela soulage d’une certaine tension sur le coup, mais je constate que la réaction demeure vivante chez la personne et peut être réactivée.

Pour poursuivre les comparaisons avec le corps physique, c’est l’équivalent d’un gaz plutôt que d’une évacuation des déchets. En effet, péter soulage de façon temporaire la tension sans satisfaire le besoin essentiel. Ça permet de ventiler mais pas d’évacuer.

S’exprimer à une tierce personne fait le même effet : cela soulage seulement pendant quelques minutes. La réaction émotive ne semble pas s’évacuer réellement lorsqu’on s’y prend de cette façon. Il est essentiel, pour obtenir l’effet escompté d’une évacuation réelle, de s’adresser directement à la personne concernée sans qu’elle soit présente. On pourrait, par exemple, s’adresser à une chaise vide.

Si l’on a tendance depuis longtemps à entreposer ses émotions, il y en a évidemment plus à évacuer. On risque alors de réagir plus fortement à certaines situations, surtout celles qui nous rappellent d’autres situations où l’on a entreposé des réactions. Ce sont ces dernières qui sont alors réactivées.

Imaginons un champ de mines et disons que chaque émotion entreposée est une mine antipersonnel. Chaque fois qu’on met le pied dans une situation similaire, la mine explose. Devant une telle réaction, plusieurs diront qu’ils ont des réactions inappropriées, qu’ils réagissent trop. De mon point de vue, c’est plutôt une belle occasion d’évacuer une réaction qui a jadis été entreposée et qui est réactivée par cette situation similaire.

Lorsqu’une personne se retrouve avec un entrepôt plein, en autodéveloppement, on nomme ce syndrome « usure de contention ». La personne se retrouve usée émotionnellement à force de contenir ses réactions émotives.

 

L’usure de compassion : un trop-plein d’émotions

L’usure de compassion est le même phénomène que l’usure de contention. Cependant, l’usure de compassion concerne la rétention de réactions émotives générées dans un contexte de compassion.

Les intervenants sont témoins de nombreuses situations dramatiques et de souffrances devant lesquelles ils taisent leurs réactions pour préserver la relation thérapeutique. Par conséquent, ils peuvent facilement se retrouver avec un entrepôt plein.

Dans un texte poétique, la psychologue Michelle Larivey exprime ainsi ce que peut vivre un psychothérapeute : « Vos images me tranchent le cœur en lamelles vivantes et je n’ai aucun cri comme les vôtres pour le cicatriser. » [1]

Ces réactions contenues s’accumulent même si la retenue demeure souvent le choix indiqué. Malgré ce qui est recommandé pour le rôle d’intervenant, l’évacuation est tout de même nécessaire pour l’humain sous ce costume.

L’intervenant qui omet d’évacuer régulièrement ses réactions risque de se retrouver usé avec les mêmes symptômes physiques et cognitifs qu’on vit lorsque son entrepôt d’émotions est plein. À cela s’ajoutent les intrusions de pensées liées à ses clients dans sa vie privée. On réfléchit alors à la situation d’un client tout en faisant la vaisselle ou encore en s’endormant le soir.

Certains intervenants en viennent même à perdre complètement leur capacité de compassion. Ils n’arrivent plus à être touchés par la souffrance de leurs clients et semblent de plus en plus insensibles. Il s’agit en fait d’un mécanisme de protection. Étant donné que l’entrepôt est plein et qu’il est contre-indiqué de réagir, l’organisme semble s’engourdir pour ne pas générer de nouvelles réactions. C’est une tentative d’adaptation. Cependant, le résultat de cette adaptation, l’insensibilité, est plutôt incompatible avec le travail d’intervenant. Et c’est sans compter les difficultés qu’une telle insensibilité peut engendrer dans la vie personnelle.

 

Les ingrédients pour développer l’usure de compassion

Pour souffrir d’usure de compassion, il faut être exposé à la souffrance humaine. Tout intervenant possède nécessairement ce premier ingrédient. Ce sont les ingrédients suivants qui discrimineront les intervenants qui pourront souffrir d’usure de ceux qui préserveront leur santé psychologique. Il s’agit de la façon dont ils traiteront les réactions émotives générées au contact de la souffrance.

Nier ou dévaloriser ses propres réactions : voilà la voie royale pour se diriger vers l’usure. Il s’agit, par exemple, de s’imposer le non-jugement des personnes qu’on aide, de s’interdire de réagir à ses clients ou à certains acteurs des histoires qu’on entend, d’associer sensibilité et faiblesse, ou encore de croire qu’un intervenant devrait être assez fort pour ne pas réagir. Évidemment, les nier ou les dévaloriser ne les empêche pas d’exister et de s’accumuler dans l’entrepôt qui finira inévitablement par déborder.

Enfin, même si on reconnaît nos réactions et leur accorde de la valeur, il reste encore un risque de se diriger vers l’usure. Évidemment, bien qu’on les accepte et les reconnaisse comme valables, on peut encore voir ces réactions s’accumuler. On emprunte la voie de l’usure lorsqu’on omet de ressentir et d’évacuer ses réactions. On peut, par exemple, retenir ses larmes ou respirer pour calmer sa colère lorsqu’on repense à un client ou à une histoire qu’il nous a racontée. On peut juger, expliquer ou excuser ses réactions. On peut tenter de mettre ses blessures de côté pour mieux aider. On peut avoir honte de ses réactions et ne pas en parler. Toutes ces routes mènent vers l’usure de compassion.

 

S’immuniser contre l’usure de compassion 

Bien que le risque d’usure soit grand chez l’aidant, on peut s’en protéger. On doit alors développer certaines habiletés :

  1. Limiter son exposition aux histoires dramatiques et à la souffrance humaine dans sa vie professionnelle et personnelle. Il ne s’agit pas de trouver le niveau maximal de souffrance à laquelle on peut être exposé, mais plutôt le niveau confortable. Par la suite, il faut se retirer lorsque son confort est menacé.
  2. Reconnaître la valeur de ses réactions et les identifier. Il s’agit de reconnaître l’existence de ses réactions aux histoires et à la souffrance qu’on rencontre, de s’arrêter un moment pour diriger son attention vers elles afin de les nommer.
  3. S’autoriser à ressentir ses réactions. Il s’agit de les ressentir sans les juger, les expliquer ou les excuser. Il suffit de laisser leur intensité se déployer en soi, de laisser venir les images, les souvenirs et les liens librement, et finalement, de reconnaître ce qui est touché en soi.
  4. S’autoriser à exprimer ses réactions. Enfin, il s’agit de les exprimer à haute voix en s’adressant à la personne concernée sans qu’elle soit présente. Les réactions peuvent s’adresser à un client, à un acteur d’une histoire entendue ou encore à une personne qui a joué un rôle dans notre propre histoire. C’est en ressentant ses réactions et en laissant les liens et les souvenirs émerger à ce moment qu’on peut parfois constater que c’est notre histoire qui se rejoue. Voilà une occasion d’évacuer les réactions qu’on avait, jadis, omis d’évacuer.

Toutes ces habiletés se développent par la pratique. C’est la seule façon efficace d’y arriver.

 

L’épuisement :  le manque d’énergie 

L’épuisement est un effondrement ou une fatigue extrême qui provient d’une demande excessive d’énergie. Il est causé par un déséquilibre entre ce que la personne donne à autrui et ce qu’elle se procure comme nourriture affective, ressourcement et repos psychologique.  Évidemment, on se retrouve épuisé à donner plus qu’à recevoir.

 

Les ingrédients pour s’épuiser

Pour en arriver à l’épuisement, plusieurs ingrédients sont nécessaires. D’abord, on s’épuise à négliger la gestion de son énergie personnelle. Tolérer plus de dépenses que de gains d’énergie dans sa vie mène nécessairement à l’épuisement de ses ressources.

On se dirige vers l’épuisement de ses ressources à partir du moment où l’on constate qu’on :

  • accepte des relations non réciproques,
  • s’oublie pour répondre aux demandes des autres,
  • a de la difficulté à faire des demandes pour soi ou à refuser celles des autres,
  • accepte difficilement de recevoir,
  • néglige de se reposer psychologiquement et de se ressourcer.

Le risque de s’épuiser est d’autant plus grand si l’on ne se connaît pas bien. Méconnaître ses émotions, ses besoins et ses limites rend impossible la tâche de bien s’occuper de soi. Impossible alors de s’assurer qu’on ne donne pas trop et qu’on se nourrit suffisamment.

Pour s’épuiser, il faut aussi nier ses limites. On peut reconnaître qu’on nie ses limites lorsqu’on se croit indispensable à tout, qu’on refuse son impuissance à aider tout le monde ou encore qu’on s’acharne dans les situations d’impuissance. Essentiellement, il s’agit d’ignorer ses signaux de dépassement. L’organisme ne se laisse jamais abuser sans le signaler et chaque organisme a son propre système d’alarme.

Un dernier ingrédient est de tolérer un déficit dans ses besoins de nourriture affective et de repos psychologique. C’est là qu’on emplit nos coffres et qu’on régénère notre énergie psychologique. En donnant plus qu’on se procure sur ce plan, on se dirige tout droit vers l’épuisement.

 

S’immuniser contre l’épuisement 

Heureusement, on peut développer plusieurs habiletés pour s’immuniser contre l’épuisement :

  1. Assurer une saine gestion de son énergie personnelle. On doit s’assurer qu’il y ait suffisamment d’entrées d’énergie pour absorber les sorties sans épuiser ses ressources. Il s’agit d’être à l’affût des entrées et des sorties afin de demeurer conscient du niveau de ressources encore disponibles.
  2. Apprendre à se connaître. Pour bien prendre soin de soi, il est essentiel de bien se connaître. On y arrive en prenant le temps de s’arrêter pour se mettre à l’écoute de soi, en s’intéressant à ses propres réactions émotives pour enfin identifier ses besoins et ses limites propres.
  3. Écouter et respecter ses limites. Pour y arriver, il est nécessaire de s’arrêter régulièrement pour prendre de ses nouvelles. Ensuite, on doit découvrir ses propres signaux de dépassement, apprendre à les reconnaître, à identifier clairement ses limites et à les respecter.
  4. S’occuper de ses besoins affectifs, de son repos psychologique et de se ressourcer. Il s’agit de s’assurer d’entretenir des relations nourrissantes et de s’en nourrir, et de s’offrir un repos psychologique et du ressourcement lorsqu’on en a besoin.

Comme il s’agit ici aussi d’habiletés, de savoir-faire, c’est aussi uniquement par l’entraînement qu’on arrive à les développer.

 

Les risques du métier : les reconnaître pour s’en protéger

J’anime depuis plusieurs années un atelier de formation intitulé « Aider sans se brûler ». J’ai rencontré des milliers d’intervenants et je ne peux que me rendre à l’évidence : peu d’intervenants connaissent les risques qu’ils courent chaque jour. Même si l’on a choisi un métier dont le risque est invisible à l’œil, celui-ci est bel et bien réel.

Je souhaite que cet article t’aide à nourrir une réflexion critique quant au risque que tu prends chaque jour lorsque tu agis à titre d’intervenant et que cette réflexion éveillera un désir de t’en protéger, à ta façon.

Rappelle-toi que si tu tolères des déficits sur le plan de tes besoins psychologiques – le besoin d’évacuation dans le cas de l’usure, et les besoins de nourriture affective, de repos psychologique et de ressourcement dans le cas de l’épuisement –, c’est ton équilibre et ta santé psychologique que tu joues chaque jour au nom de l’équilibre et de la santé psychologique de tes clients ou patients. Il ne s’agit pas de ne penser qu’à toi, mais plutôt de penser AUSSI à toi en rétablissant ton équilibre bousculé par le don de soi dont tu fais preuve dans ton costume d’aidant.

Et si tu as besoin d'un coup de main pour décoder tes alarmes, je t'offre mon répertoire gratuit. Tu es fatiguée? Tu as de la tension dans le haut de dos? Tu te sens stressée? Éparpillée? Tu fais de l'insomnie? Selon la lumière allumée, tu sauras exactement quoi faire pour rétablir ton équilibre.

 

En savoir plus sur l’atelier de formation « Aider sans se brûler »

Vous pouvez voir le descriptif de la formation en cliquant ici. Si vous avez de l'intérêt, il suffit de communiquer avec moi pour discuter de votre projet de formation. Ça me ferait plaisir d'aller prendre soin de votre équipe.

Adaptations possibles :

  • Pour les proches aidants
  • Enseigner sans se brûler
  • Soigner sans se brûler
  • Pour la population générale : Épuisement, usure, déprime et stress

 

Médiagraphie

GARNEAU, Jean. Le burnout (L’épuisement professionnel) : Prévention et solutions.  Montréal : Coffragants, coll. La lettre du Psy, 2003, 75 min.  [CD Audio] [http://www.redpsy.com/editions/burn.html], (page consultée le 13 mars 2011).

GARNEAU, Jean. « Le burnout assuré : Ingrédients et solutions ».  In GARNEAU, Jean et Michelle Larivey avec les collaborations de Gaëtane La Plante, Karène Larocque et Bruno Roberge. L’enfer de la fuite : Comment en revenir plus fort. Montréal : ReD éditeur, 2002. La lettre du Psy. ISBN 2-921693-57-7.

LARIVEY, Michelle. 2000. « Le guide des émotions : La fatigue ». In Ressources en développement. En ligne. [http://www.redpsy.com/guide/fatigue.html], (page consultée le 13 mars 2011).

LARIVEY, Michelle. « Cœur Rauque ». In Ravage et… délivrance : Poèmes humanistes. Montréal : ReD éditeur, 2000.

LEFEBVRE, Danièle. 2004 « Le burn-out ou l’épuisement professionnel des soignants ». Primary Care : Développement professionnel continu, vol. 4, no 46, p. 914-916. En ligne. [http://www.primary-care.ch/pdf/2004/204-46/2004-46-168.PDF ], (page consultée le 13 mars 2011).

[1] Michelle Larivey, « Cœur rauque » dans Ravage et… délivrance, Montréal, ReD Éditeur, 2000, p. 26.

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